RIUS Robert, Louis, Jean [« Gall », coq en catalan, pseudonyme de résistance (FTPF) de Robert Rius].
Né le 25 février 1914 à Château-Roussillon, commune de Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; mort le 21 juillet 1944 à Arbonne-la-Forêt (Seine-et-Marne) fusillé à la plaine de Chanfroy avec d’autres résistants ou otages ; écrivain surréaliste proche d’André Breton et de Benjamin Péret ; photographe ; poète ; militant du PC (1933-1938) ; trotskiste, adhérent du POI dès 1938 ;
résistant (Front national puis FTPF de la région parisienne).

Le père de Robert Rius, Raoul, Godegrand était né à Alger le 18 avril 1877 où son père, Jean, Martin, Blaise originaire de Canet (Pyrénées-Orientales) marié à Louise, Joséphine, Marguerite Hortet était officier d’administration. Il possédait et exploitait un vaste domaine agricole, viticole et arboricole (33 ha), à Château-Roussillon, hameau rural de la commune de Perpignan, près de la route de Canet. La mère, Rosine Lanolier, était la fille de Louis, François, Bénolie Lanolier agent général d’assurances à Perpignan et d’Élisabeth, Joséphine, Claire Estève. Les parents de Robert Rius s’étaient mariés à Perpignan le 4 juillet 1911. Robert Rius passa sa petite enfance dans ce domaine campagnard loin de toute agglomération. Son père, gravement malade, mourut alors qu’il n’avait que quatre ans. Sa mère se remaria avec un clerc d’avoué, Antoine Blanc, qui s’installa dans une confortable demeure, 26, rue Racine, dans un nouveau lotissement, près du centre ville, construit après la démolition des remparts nord. Deux demi soeurs, Louise-Marie et Hélène, naquirent après que sa mère se fût remariée.

De 1922 à 1928, Robert Rius fut élève de l’institution religieuse Saint-Louis-de-Gonzague de Perpignan fréquentée par les enfants de la bourgeoisie catholique et conservatrice de la ville. D’abord bon élève (« brillant et très sage ») ainsi qu’en témoigne le Bulletin des anciens élèves de Saint-Louis-de-Gonzague, il devint vite rétif à l’institution scolaire, attiré par d’autres horizons et perspectives. Renvoyé de ce collège en 1928, inscrit au collège de Sorèze (Tarn) dirigé par les Dominicains, il en fut aussi exclu, pour non conformisme. Il fut finalement admis au collège jésuite du Caousou à Toulouse (Haute-Garonne). Il y aurait obtenu le baccalauréat ainsi que le précise son dossier posthume de combattant volontaire de la Résistance. Mais le registre matricule indique qu’il avait un niveau 3 d’instruction ("possède une instruction primaire plus développée") qui suggère qu’il a quitté ses études secondaires sans obtenir de diplôme.
Rius fit la connaissance d’Albert Bausil (1881-1943) — l’un des grands animateurs de la vie culturelle et intellectuelle perpignanaise du début du siècle à la Seconde Guerre mondiale fondateur du Cri catalan (Voir aussi Payra Jean*) puis du Coq catalan, hebdomadaire « littéraire, satirique et sportif » — lorsqu’il vint en 1927 à Saint-Louis-de-Gonzague, faire une conférence aux élèves. Rius s’associa au cercle des proches de Bausil qui formaient une joyeuse bande de non conformistes, ouverts aux audaces des avant-gardes culturelles. Parmi eux des adolescents de sa génération, en particulier, pour ne citer qu’eux : Charles Trenet (1913-2001), Robert Brasillach (1909-1945) le plus souvent pendant les vacances scolaires, René Argelliés (1915-2004) futur médecin et élu radicalsocialiste de Perpignan de 1947 à 1959 et de 1977 à 1989 qui rénova avec opiniâtreté plusieurs institutions culturelles et artistiques de la ville (musée Rigaud, collections numismatiques Puig). La fréquentation des cercles littéraires et artistiques gravitant autour de Bausil stimula et façonna les approches culturelles de Rius. Il lut beaucoup, découvrant Mallarmé et Nerval et surtout les numéros de La Révolution surréaliste. Dans les combles de la maison familiale de la rue Racine, il aménagea un laboratoire de photographie, un atelier de reliure et une bibliothèque. Avec un cousin, il parcourait la campagne roussillonnaise et s’initiait à la peinture. Leur arrestation par des gendarmes pour vagabondage hâta la rupture de Rius avec le cercle familial. Il quitta Perpignan en 1932 pour Paris où il retrouva Charles Trenet et quelques autres Perpignanais dont Henri Espinouze, alias « Espinoza» (1915-1982), inscrit aux Beaux-Arts de Perpignan, futur peintre surréaliste.
À Paris, Robert Rius survécut grâce à un emploi d’affichiste chez Armand Colin qu’il occupa de 1932 à 1935. Le registre matricule (mention au crayon corrigeant la profession initiale d’étudiant inscrite sur ce document) indique cependant qu’il a exercé la profession de reporter photographe. Avec ses amis catalans, il revenait fréquemment à Perpignan pour faire des randonnées en montagne ou se rendre à Barcelone ville qui les fascinait car connaissant une intense vie culturelle et politique. Inscrit au registre matricule des Pyrénées-Orientales (classe 1934), il aurait normalement dû effectuer le service militaire. Mais, vivant à Paris, il aurait fait le choix de l’insoumission, son beau-père réglant a posteriori sa situation (version conservée par la mémoire familiale). Cependant, le registre matricule apprend qu’il ne s’était pas présenté au conseil de révision de Perpignan du 26 mai 1934 pour raison de "faiblesse". Sa fiche individuelle apprend également qu’il fut, le 28 mai 1935, pour le même motif, "exempté" de ses obligations militaires.
En effet, après avoir mené une vie de Bohème à Paris, exaltante mais parfois famélique, Rius découvrit l’engagement politique et adhéra au Parti communiste en 1932. Lors de vacances à Perpignan, pendant l’été 1936, il promit aux ouvriers agricoles qui y travaillaient que, lorsqu’il hériterait de la propriété agricole familiale, il la partagerait entre eux. Robert Rius devint, en 1937 un ami proche d’André Breton— qu’il rencontrait désormais presque chaque jour— et de Benjamin Péret*. Avec eux et avec Remedios Varo, peintre d’origine catalane et compagne de Péret, il participa à l’invention du « Jeu du dessin communiqué ». Cette amitié l’amena à rompre avec le PC au début de 1938, sans doute par non renouvellement de sa carte —André Prenant* dans un rapport de 1944 cité plus bas assure que ce fut à cette date, mais elle fut peut-être antérieure de quelques mois —, et à adhérer, avec le peintre perpignanais Henry Espinouze, au POI trotskiste, dans le sillage de Benjamin Péret. Avec Breton et Péret, il fut l’un des soixante-dix-huit premiers adhérents de la FIARI (Fédération internationale de l’art révolutionnaire indépendant) dont la liste parut dans le premier numéro de Clé, son bulletin. De 1937 à 1940, il se lia à de nombreux artistes et devint le secrétaire du groupe surréaliste français. Ayant eu accès, grâce à Bausil et à certains de ses amis, à une approche de la culture et de la littérature catalanes, Rius fit connaître à ses amis surréalistes Ramon Llull (Raymond Lulle) l’écrivain et théologien catalan du XIIIe siècle versé dans l’alchimie et l’ésotérisme. Rius aurait sans doute pu lire ses oeuvres dans leur version originale. Il apporta ainsi aux surréalistes férus d’ésotérisme sa connaissance de l’un des grands penseurs médiévaux de l’Occident.
Dans les années d’avant guerre, Rius devint courtier en tableaux et en livres d’art pour subvenir à ses besoins matériels et à ceux de ses amis. Il devint très proche de Picasso qui fut l’un de ses meilleurs clients alors que Péret figurait parmi ses fournisseurs les plus fidèles. Rius, engagé politiquement participa, notamment dans le cadre de la FIARI, avec ses amis surréalistes et trotskistes à des actions de sensibilisation sur le sort des étrangers comme, par exemple, les réfugiés espagnols de la Retirada. Par ailleurs, avec son ami le peintre roumain Victor Brauner qui l’illustra, il préparait son premier recueil, Frappe de l’écho, au contenu souvent onirique qui fut publié en mai 1940 aux Éditions surréalistes.
En septembre 1939, Robert Rius ne répondit pas à l’ordre de mobilisation. Il ne fut toutefois pas déclaré insoumis. Le conseil de réforme de la Seine le reconnut "bon absent" en invoquant une fois de plus le motif de "faiblesse". Le 27 novembre 1939, il fut affecté au 404e dépôt de d’artillerie (DCA) dans le département du Rhône. Ayant rejoint son unité dès le lendemain, il fut réformé définitivement le 1er décembre 1939 par le conseil de réforme de Lyon. Il regagna alors son domicile parisien, 71, rue de Rennes.
Le 23 mai 1940, Breton lui demanda de lui envoyer ses papiers et le nécessaire pour fuir vers le Midi. Rius lui-même revint à Perpignan. Benjamin Péret avait donné l’adresse de son beau-père et de sa mère à Perpignan comme refuge pour leurs amis, artistes et /ou membres du POI. Óscar Domínguez (1903-1966) peintre espagnol, Remedios Varo (1908-1963) peintre surréaliste catalane, Jacques Hérold (1910-1977) et Victor Brauner (1903-1966), deux peintres roumains surréalistes avec qui il s’était lié d’amitié à Paris, vinrent à Perpignan, rue Racine. Comme le domicile perpignanais de Robert Rius devenait insuffisant, les nouveaux arrivants furent dirigés vers Canet-Plage, à douze kilomètres de Perpignan où les grands-parents de Robert Rius leur indiquèrent la villa Crépuscule. Ils furent suivis par Victor Serge*, Peggy Guggenheim, mécène étatsunienne et d’autres encore. Ne pouvant passer en Espagne, ils allèrent à Marseille où ils furent pris en charge par Varian Fry et sa filière. Seul Brauner qui résida à Canet-Plage demeura en Roussillon, étant assigné en résidence surveillée à Saint-Feliu d’Amont.
De retour à Paris, Robert Rius rejoignit Laurence Iché, qui devint sa compagne. Née le 9 avril 1921 à Saint-Étienne (Loire), elle était la fille du sculpteur René Iché (1897-1954), originaire de Sallèles d’Aude (Aude), résistant dès septembre 1940 dans le groupe du Musée de l’Homme, et, à partir de juillet 1942, après les arrestations survenues dans ce groupe, agent P1 du réseau Cohors-Asturies et membre de l’AS. Elle mourut à Madrid le 9 septembre 2007.
Robert Rius et Laurence Iché se marièrent à la mairie du VIe arrondissement le 3 juin 1941, puis louèrent un vaste appartement qui ménageait un itinéraire de fuite en cas de nécessité devint un asile pour ceux de leurs amis en difficulté. Ils firent ensuite un long séjour à Perpignan, en Catalogne espagnole puis à Marseille. Le couple eut une fille Aurélia, née le 5 juillet 1943 à Paris (XIVe ) et morte juste un mois plus tard, le 5 août.
Rius assura dans la semi-clandestinité la publication de la revue La Main à Plume à partir de mai 1941. Afin d’échapper à la censure allemande, la revue qui changea de titre à chaque livraison sut attirer de multiples talents — peintres et poètes— avec, entre autres, Paul Éluard* (qui publia dans La Main à Plume, volume Poésie et Vérité, 1942, le célèbre poème « Liberté »), Pablo Picasso, Maurice Nadeau et André Stil*. Quarante publications (dont les Pages libres) furent éditées entre mai 1941. Le secrétariat de rédaction était assuré par Noël Arnaud [Raymond Muller, 1919-2003] et certains éditoriaux signés par un poète, Jean-François Chabrun (1920-1997). Le « quartier général» de la revue, pour reprendre l’expression de ce dernier (1979) était au domicile de Robert Rius et Laurence Iché. Rius publia dans La Main à Plume « Serrures en friche » (n°10 des Pages libres ) et « Picasso » (n° 12 des Pages libres), anonyme, attribué à Rius et Jean-François Chabrun pour le jeu du « question réponse ». Son épouse écrivit « Étagère en friche » illustré par Picasso pour le numéro 9 des Pages libres. Ces publications témoignent d’une résistance intellectuelle, en dehors de tout nationalisme, placée sous le double patronage de Marx et de Rimbaud. En 1943, Rius s’était rapproché de deux autres revues poétiques, les Feuillets du 81 et Les Cahiers de Poésies dirigées respectivement par André Stil au Quesnoy (Nord) et Jean Simonpoli à Paris. Un personnage sulfureux, esthète, mondain, trafiquant et antisémite, l’Espagnol César González-Ruano (1903-1965), fréquenta le groupe des rédacteurs de La Main à Plume parmi lesquels Rius. Il s’était enrichi au détriment de Juifs à qui il laissait espérer un passage vers l’Espagne. En fait, il les dénonçait aux Allemands : Parmi eux Hans Schönhof, mécène du groupe, originaire des Sudètes. L’implication de Ruano dans la dénonciation de Juifs, longtemps soupçonnée, a été mise en évidence en 2014 par Rosa Sala Rose et Plàcid Garcia-Planas. González-Ruano fut détenu avec Schönhof — et quelques autres, résistants, comme Jean, Joseph Carasso* (1912-1944) pendant soixante-treize jours au Cherche-Midi.
À la différence de ses co-détenus, il put sortir et regagner l’Espagne avant d’être condamné par la cour de justice de la Seine, le 22 juin 1948, à 20 ans de travaux forcés. Ce verdict, prononcé par contumace, ne l’empêcha pas de poursuivre, dans l’Espagne franquiste, une carrière d’écrivain et de journaliste et de demeurer un ami proche de l’épouse de Robert Rius, Laurence Iché, remariée au peintre Manuel Viola avec qui elle s’installa à Madrid en 1949. La décision de Robert Rius et de Charles-Jean Simonpoli — Jean Simonpoli en littérature — né à Vintiseri, (Haute-Corse) le 19 janvier 1911 et directeur de la revue Les Cahiers de poésie de rejoindre la lutte armée provoqua un vif débat dans le groupe de La Main à Plume où l’on comprit mal leur « ralliement » supposé aux « staliniens ». En rejoignant le Front national et les FTPF en 1943 Rius ne faisait que mettre en oeuvre un mot d’ordre du POI suggérant, dans une perspective unitaire, de s’associer aux initiatives d’organisations d’obédience "stalinienne". En septembre 1943, Rius passa avec Simonpoli— en témoigne une lettre écrite par Rius et Simonpoli datée du 11— à Miélan dans le Gers où était implanté un maquis. Ils se rendirent ensuite à Perpignan avant de regagner Paris. En février 1944, Rius fit ensuite un bref séjour au maquis de Villebéon (Seine-et-Marne). Le 26 mai 1944, Rius et Simonpoli participèrent à une réunion des FTPF à l’instigation de Jean-François Chabrun où André Prenant*, étudiant en géographie âgé de dix-neuf ans, militant du PCF et membre de l’état-major des FTPF de Paris s’efforçait de former un maquis dans la forêt de Fontainebleau près d’Achères-la-Forêt (Seine-et-Marne). Prenant en était le chef, mais des différents quant à la conduite des opérations l’opposèrent à Simonpoli. Dans un rapport, écrit vraisemblablement le 5 juillet 1944, André Prenant signala à « André » (le « colonel André », pseudonyme d’Albert Ouzoulias*, commissaire militaire national des FTPF chargé des opérations et responsable en juin 1944 de la coordination de l’action armée en région parisienne) fit état des divergences qui l’opposèrentà Simonpoli (alias « Couturier ») qui, plus âgé et ayant davantage d’ascendant, prit la direction effective d’un maquis qui ne réussit pas à étoffer ses effectifs. Dans ce même rapport, il signala que Rius (alias « Gall », coq en catalan, pseudonyme choisi en hommage à Albert Bausil, fondateur et directeur du Coq catalan), appartenait à un groupe qu’il semblait désigner comme trotskiste sous la dénomination de circonstance de MFR (Mouvement de formation révolutionnaire). Les mentions relatives à « Gall » furent soulignées en rouge par Ouzoulias (« André ») qui contresigna ce rapport accompagné d’un court commentaire personnel. Le groupe disposant d’un nombre réduit d’armes devait s’en procurer. André Prenant se rendit seul à un rendez-vous fixé le 2 juillet afin de récupérer des armes d’un parachutage du Bureau des opérations aériennes à Ury (Seine-et-Marne). Le 4 juillet alors que Prenant et Robert Ménégoz (alias « Rouvier ») étaient à Paris, un deuxième rendez-vous échoua à son tour : les autres membres du maquis se rendirent à Ury (Seine-et-Marne) lieu présumé du parachutage où ils furent arrêtés par la SIPO-SD.
Détenus à la prison de Fontainebleau (Seine-et-Marne), les maquisards FTPF d’Achères-la-Forêt, au nombre de six, (Robert Rius ; Charles-Jean Simonpoli ; Laurent Poli alias « Julien », garde forestier à Achères-la-Forêt né à paris le 4 mai 1924 ; Germinal Matta alias « Jacques », 19 ans, communiste ; Marco Ménégoz alias « Paul », 16 ans et demi-frère de Robert, jeune poète des Feuillets du 81, de Lisieux, Calvados ; René Girard, ouvrier agricole à Villebéon, né le 11 janvier 1920 à la Selle-sur-le-Bied, Loiret [mais la présence de ce dernier dans le maquis n’est pas mentionnée dans le rapport d’André Prenant ni attestée dans les divers témoignages]), furent torturés sous la direction de Wilhelm Korf chef adjoint de la SIPO-SD de Melun, « spécialiste » de la propagande des organisations de résistance. Robert Rius fut condamné à mort par les Allemandsà l’issue d’une procédure sommaire. Avec vingt-et-un autres détenus des geôles allemandes, Robert Rius fut conduit, le 21 juillet, à la plaine de Chanfroy (commune d’Arbonne-le-Forêt) dans la forêt de Fontainebleau. Ils y furent abattus au pistolet-mitrailleur avec d’autres résistants : 8 du maquis « Bara » de Moisenay (Seine-et-Marne), 6 du maquis de Villebéon et deux autres (du Front national ou des FTPF). Au total 22 résistants furent tués ce jour-là.
Son appartenance aux FFI ("mouvement FTPF, maquis d’Arbonne"), du 1er janvier au 21 juillet 1944, fut reconnue officiellement le 25 février 1948 ainsi qu’’on peut le lire dans le registre matricule des Pyrénées-Orientales. Ce document précise qu’il fut "arrêté le 4-7-44 sur dénonciation à Fontainebleau". Le 17 août 1944, d’autres résistants de mouvements de la résistance non communiste furent abattus au même endroit, toujours sous la direction de Wilhelm Korf (qui, avant 1939 avait effectué une carrière de géographe), le « bourreau de la Seine-et-Marne », condamné à la prison à vie en décembre 1953 et gracié en 1963. Le charnier des victimes des deux tueries fut découvert par des soldats américains le 7 décembre. Le corps de Robert Rius fut identifié le lendemain par son beaupère, le sculpteur René Iché. Les victimes des deux massacres eurent droit à des obsèques nationales en présence du ministre de la Justice du GPRF, François de Menthon, et du général Pierre Billotte qui représentaient le gouvernement. La cérémonie eut lieu le 14 décembre à Fontainebleau. Les trente-six victimes furent enterrées au cimetière de Fontainebleau.
Sur l’emplacement du charnier de la plaine de Chanfroy, un monument commémore les massacres des 21 juillet et 17 août 1944. Le site, Libération de Paris (cf. Sources) dans sa liste des victimes de la libération de la capitale indique par erreur que Robert Rius fut fusillé le 17 août 1944, l’incluant ainsi parmi les victimes de la deuxième série d’exécutions de la plaine de Chanfroy. Une décision du ministère des Anciens combattants, en date du 24 juin 1946, le déclara mort pour la France.


SOURCES : Arch. dép Pyrénées-Orientales, 1 R 668, f° 612. — Arch. com. Perpignan, état civil, acte de naissance de Robert Rius et mention marginale, acte de mariage de ses parents. — Cahiers Robert Rius, édités par l’Association pour la Mémoire de Robert Rius, Collioure, 1, 2010, 84 p., voir en particulier les articles : Jacques Queralt, « Robert Rius, le surréaliste fusillé » (pp. 9-14) repris de La licorne d’Hannibal ; Olivier Bot, Rose-Hélène Iché, « Robert Rius , le passeur surréaliste », pp. 15-21 ; Olivier Blot, Rose-Hélène Iché, « Le surréalisme au tableau des années sombres : lueurs d’exil et flamme de la résistance », pp. 43-77 ; Catherine Prade, « Quand il est mort le poète ... 21 juillet 1944, prison de Fontainebleau », pp. 80-83. — Myriam Boucharenc (dir.), L’Universel reportage, n° XXV de Mélusine, Cahiers de recherche sur le surréalisme, Lausanne, L’Âge d’homme, 2005, 304 p. [Olivier Bot et Rose-Hélène Iché, « Robert Rius , le passeur surréaliste », pp. 267-282].— Maryvonne Braunschweig, professeur d’histoire et de géographie (dir.), Fontainebleau Avon 1940-1945. À travers plaques, stèles et monuments. Faits de résistance, répression et persécutions, dossier réalisé par des élèves de la 3e D du collège « La Forêt » d’Avon (Mélanie Boichart, Marion Cognaux, Émilie Coiffard, Céline Graber et la participation d’Awa Diouf et de Laure Vigier (classe de 3e A) pour de concours de la Résistance et de la déportation, 1999 168 p., en particulier les pp. 82-98. [Le 10 février 1999, André Prenant a accordé un entretien aux élèves et mis à leur disposition ses archives, en particulier le rapport cité dans la notice qui est photocopié p. 95.] — Gérôme Bouda, Ghjuvà est mort (Charles-Jean Simonpoli. Ventiseri 1911-Arbonne-la-Forêt 1944), film, 53 min., 24 s., Stella productions & France télévision Corse Viastella, 2011. — Carole Reynaud-Paligot, Parcours politiques des surréalistes 1919-1969, préface de Jacques Julliard, Paris, Éditions du CNRS, 2010, 473 p. [pp. 202-203, 400]. — Jacques Queralt, « Robert Rius, le surréaliste fusillé » in La licorne d’Hannibal, 4, Éditions de l’If, Elne, 2005. — Rosa Sala Rose, Plàcid Garcia-Planas, El marqués y la esvástisca. César González-Ruano en le París ocupado, Bardelone, Editorial Anagrama, 2014, 501 p. [plus particulièrement les pp. 383-417]. — La Résistance en Île de France, DVD-Rom, AERI, Paris, 2004 (Rose-Hélène Iché, petite-fille de René Iché, beau-père de Robert Rius, a collaboré à sa réalisation). — "Des maquis ...en Île-de-France", Le Journal de la Résistance, 1273-1274, 2013, pp. 6-7. — La Marseillaise de Seine-et-Marne, 12, 13, 15 décembre 1944.— L’Opinion de Seine-et-Marne, 14 décembre 1944. — Site http://www.robertrius.com/ consulté le 8 décembre 2013 et le 4 avril 2014. — Site http://mapage.noos.fr/liberation_de... consulté le 6 avril 2014. — Site http://photonaturefontainebleau.ove... consulté le 6 avril 1944. — Entretiens téléphoniques avec Rose-Hélène Iché, nièce de Robert Rius.


André BALENT